Un mot qui fait peur

J'ai décidé de vous parler de dépression. On ne peut pas dire que ça prête à sourire, et pourtant je crois qu'il est important - pour moi en tous cas, ça l'est - de faire le point sur un sujet qui reste tabou pour beaucoup d'entre nous.
Je vais vous parler d'expérience et de ressenti, pas pour me faire plaindre, mais plutôt pour donner à voir et à comprendre ce qu'une personne reconnue dépressive peut traverser.
Premier constat : "dépression" est un mot qui fait peur.
Deuxième constat : la dépression est un sujet de discussion tabou.
Troisième constat :face à la dépression, il y a la réaction de la personne dépressive en elle-même, qui peut varier d'un sujet à l'autre, et il y a la réaction de la personne à qui l'on s'est confié, sans fausse pudeur mais avec de vrais espoirs.
Parlons aujourd'hui de la réaction d'autrui - mes préjugés y compris avant de traverser ce stade.
Souvent, lorsque vous révélez à un proche que vous êtes en dépression, la première réaction est : "Mais non, ça va aller, tu nous fais juste une petite déprime."
Oui, une petite déprime qui fait que je pleure plusieurs fois par jour, sans savoir pourquoi, depuis au moins trois mois, une petite déprime qui ne me donne pas envie de me lever, souvent envie de me coucher, et qui me laisse éveillée à des heures indues. Il arrive un moment où il faut accepter cet état de fait, admettre que si c'était une déprime, ça n'aurait pas duré trois mois, et se rebeller contre ceux qui pensent que ça va aller mieux sans rien faire.
En ce qui me concerne, je dois avouer que la dépression d'autrui - et celles des amis potentiellement - me fait peur aussi. Parce que c'est quelque chose contre lequel je ne peux rien faire. Pas à grande échelle en tous cas. On peut soutenir un peu, mais quelqu'un de profondément dépressif aura besoin de l'aide et de l'appui de professionnels. Je sais pour avoir été de l'autre côté que les amis ne sont hélas pas toujours le soutien attendu, et je comprends aussi qu'ils ne se sentent pas assez forts pour le faire.
Pour aller plus loin, j'avoue - sans fausse honte - avoir déjà pensé que la dépression était contagieuse. Cela vous semble ridicule?
Face à quelqu'un dont vous voyez bien que vous êtes totalement incapable de l'aider tant il vous prouvera par A+B que non, il n'y a rien à faire, il est fichu, ça ne pourra jamais aller mieux, il ne vous est jamais arrivé de vous dire : et s'il avait raison? Jamais il ne vous est arrivé de penser, face à une personne dépressive, qu'elle allait nous englober dans son mal-être?
Je ne suis pas en train de juger, soyons clairs. Je sais juste qu'il m'est arrivé de me sentir impuissante face à cet état de faits, et je sais aussi qu'il faut amener avec tact la personne en face de vous à accepter de consulter.
Parce que la dépression est reconnue comme une vraie maladie, mais qu'elle n'est pas contagieuse.
Parce que la dépression n'est pas une maladie honteuse.
Parce qu'il est humain de tomber lorsque les évènements vous acculent au fond du trou.
Parce qu'il ne faut pas rester au fond de ce trou.
Et que le premier pas sur la corde à nœuds qui nous ramènera en haut est le plus difficile et le chemin de rémission potentiellement long.


11/05/2010
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