De la dépression

Non, il ne s'agit pas de météo.


Dépassée par ma vie

Je crois que la dépression ne s'en va jamais vraiment. Je sais qu'il suffit d'un coup de mou, d'une grosse fatigue, de la vie qui s'étire et me dépasse pour me rendre compte que non, je n'en suis pas sortie.

J'ai beau me dire que j'ai accepté l'idée de mettre du temps pour faire le boulot qui me fait envie, quelque part en moi, secrètement, une partie me dit que je n'y arriverai jamais. Et comme j'ai toujours à coeur d'avoir raison, cette partie inconsciente de moi fera en sorte que je rate. Que je rate ce que je fais niveau boulot, que je me déprécie, que je m'oublie et que ma famille en pâtisse, parce qu'au bout du compte c'est ce qui arrivera.

Il paraît qu'être conscient des choses c'est un premier pas pour avancer, que ça permet de se dire qu'on peut changer ce qui est. Pour le moment je n'ai pas la force ni l'envie d'avancer. Je veux juste aller me cacher, que l'on m'oublie, et que personne ne souffre de ce départ.


03/03/2015
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Introspection

Parmi les questions qui me taraudent encore quelquefois, parce que la dépression garde une part de mystère effrayante, il reste celle de savoir pourquoi. Pourquoi suis-je "entré", que dis-je, tombé en dépression il y a environ 7 ans ?

 

Je garde certaines réponses pour moi mais il est une raison qui pourrait me faire retomber, ou tout du moins m'empêcher d'avancer, c'est celle du travail. Je m'explique.

 

Depuis toute petite, mes parents, mon père, me rabâchaient que le plus important dans la vie c'est le travail, qu'il fallait tout faire pour avoir un travail, faire vivre sa famille, etc. Evidemment, je suis d'accord avec ça. C'est tellement ancré en moi qu'il serait impossible d'en faire sortir cette idée. Même au burin et au marteau, soyez gentils de ne pas essayer.

 

Du coup, lorsque j'en suis arrivée à me lever le matin en pleurant rien qu'à l'idée d'aller au travail, parce que cette idée me pétrifiait, parce que je me liquéfiais littéralement, j'ai perdu une de mes raisons de vivre. Une des raisons fondamentales qui faisaient que ma vie avait un sens. Et là où c'était encore plus difficile, c'est que j'avais donné naissance à un adorable bébé dont la présence à elle-seule aurait dû suffire à me donner une raison de vivre. Tout du moins, c'est ce que la société nous renvoie comme image. Et il est vrai que je n'ai jamais ressenti de bouffée d'amour aussi forte que lorsque Thibault est né et que je l'ai tenu pour la première fois.

 

Du coup, je me retrouvais, totalement perdue, avec un désamour, un rejet du travail, qui a été le moteur de tant d'années de vie : les études, le concours, le fait que je n'ai jamais quitté le parcours scolaire puisque je suis devenue prof. Je haïssais ce pour quoi je pensais être faite à vie. Alors forcément, si je n'étais plus capable d'accomplir ce travail que j'avais tant voulu, celui que je pensais sincèrement être fait pour moi, celui que j'appelais vocation, qu'allais-je bien pouvoir faire de ma peau ?!

 

On peut dire que cette rupture a été à la fois cause et symptôme de la dépression qui a été déclenchée, j'en suis persuadée, par un autre évènement, tiers encore que celui de la venue de bébé à l'époque.

 

Et aujourd'hui encore, je suis hyper sensible au sujet du travail. Parce que, connement diront probablement certains, je m'imagine que ma seule valeur vient du travail que j'accomplis. Et si je n'accomplis pas bien ce travail, ou si je suis attaquée sur ce sujet, je me sens totalement nulle. J'ai l'impression de n'avoir aucune valeur. Aussi simple que ça.

 

Pour un peu que je m'enfonce toute seule en prétendant que je n'ai pas de légitimité faute de diplôme correspondant, d'expérience assez longue, ni même 5 pattes, alors c'est la fin des haricots.


21/08/2014
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Back on tracks*

Enfin, enfin je me sens de retour.

Enfin je peux parler de ce grand trou noir dont je suis revenue sans me mettre à pleurer.

Enfin mon époux retrouve celle que j'étais lorsqu'il m'a rencontrée.

Enfin je sais qui je suis, je suis bien celle que je m'apprêtais à devenir, je n'étais pas dans l'erreur et je ne m'étais pas trompée de chemin quant à ma personnalité et mon tempérament.

Seulement le doute s'était installée, me minant de l'intérieur, les questions que je me posais m'empêchaient d'avancer là où auparavant, elles me permettaient de me remettre en question et d'avoir un autre regard sur les choses.

Je me pose toujours autant de questions que pendant la dépression, et autant qu'avant de sombrer, mais elles ne me minent plus autant.

 

Bon, en revanche, j'ai des angoisses régulièrement depuis que je suis devenue maman. Mais je me soigne hein...

 

*de retour sur les rails.


10/07/2011
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L'évitement

Troisième article sur la dépression, que j'aurais pu mettre dans la catégorie "Vie des jours qui passent" car je dois bien avouer que j'ai un petit coup de mou.
Une des caractéristiques de mon comportement pendant la dépression fut - et est encore parfois - l'évitement.
Éviter d'accomplir les tâches ménagères, éviter de m'occuper des factures, regarder la télé pour éviter de penser, éviter d'aller se coucher le soir pour éviter de penser à tout ce qui tourne là-haut, et avoir envie de dormir toute la journée pour ne pas penser davantage, etc.
Éviter aussi de parler de ses soucis pour ne pas pleurer, pour ne pas embarrasser les autres, faire semblant que tout va bien, ou ne pas y parvenir et éviter de sortir de chez soi.
Actuellement, je suis plutôt dans l'évitement des tâches : lessive, pliage du linge, rangement, tri des papiers, etc.

14/06/2010
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Le désarroi

Je poursuis sur ma lancée, ayant eu au moins un retour, j'ose imaginer que ce sujet peut intéresser, même si les commentaires ne sont pas nombreux (ils ne le sont pas de toute façon sur la globalité du blog et ce n'est pas le but).

Lorsque l'on tombe en dépression, car c'est bien l'idée de chute qui convient, l'atterrissage est d'autant plus difficile que l'on a pu se croire fort auparavant.
Il est dur en effet d'admettre que l'on n'est plus en position de force, dur d'admettre que tant de choses peuvent nous effrayer, presque du jour au lendemain, dur de concevoir que nous puissions tomber, nous qui étions invincible. Je vais parler de mon expérience - forcément - et vous donner un aperçu du gouffre qui accueille le dépressif.
Avant d'être dépressive, j'étais une jeune femme souriante, toujours prête à raconter une ânerie, grivoise si possible en essayant d'éviter le vulgaire - ce qui n'était pas toujours le cas je le sais :D, j'étais pleine d'optimisme et d'entrain, emplie à ras bord d'une vision positive de la vie et je n'imaginais pas un seul instant pouvoir rater quelque chose. Ou tout du moins, je m'assurais avant d'entreprendre quelque chose que les circonstances étaient réunies pour ma réussite, je m'entourais comme il fallait, je préparais ce qu'il fallait et j'arrivais fort souvent à mon but, que l'enjeu soit majeur ou non. C'était une période glorieuse, c'était beaucoup de chance aussi - je l'ai toujours su et reconnu - et ce fut surtout un chaos total lorsque la dépression m'a saisie.
En plus des tabous associés à cet état, qui est je le rappelle une maladie, en plus des gens autour de vous qui ne comprennent pas pourquoi vous êtes dans cet état-là, il y a l'idée que vous vous faisiez de vous. Il y a les clichés et les préjugés que vous aviez sur la dépression, et je passe sur l'idée et l'image que les autres avaient de vous et qu'ils ne retrouvent pas.
La plus déroutante, la plus dure des sensations, c'est de se sentir en-deçà de tout parce que vous, vous qui étiez si fort(e), vous êtes, ô honte suprême, ô faiblesse inavouable, vous êtes reconnu dépressif et vous avez besoin d'aide. Je parle bien ici des clichés que la société nous renvoie en pleine face et qui nous font sombrer davantage s'il est possible.
Personne, je dis bien personne, et je n'exagère en rien, ne peut imaginer la détresse de quelqu'un qui s'étant senti si fort pendant tant d'années, se sent si faible soudain, se sent si nul, si inutile, si incapable de reprendre le dessus, avec ou sans aide. C'est la dure réalité qui fait qu'un dépressif se sentira toujours si incompris. Celui qui n'a jamais été dépressif, celui qui ne "croit" pas qu'il est possible de se sentir si mal, ne peut pas savoir, ne peut pas comprendre pourquoi dire "allez, secoue-toi! Allez, c'est bon, c'est rien, c'est juste une déprime" peut être blessant, peut être un facteur supplémentaire de repli sur soi de la personne dépressive.
La dépression n'est pas une simple baisse de moral.
La dépression n'est pas un signe de faiblesse de la part du dépressif.
La dépression n'est pas juste une grosse déprime.
La dépression n'est pas quelque chose d'anodin.
On ne rit pas avec le mot dépression (et c'est bien pour ça qu'il fait si peur).
Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas rire avec quelqu'un de dépressif, cela signifie simplement qu'il ne faut pas prendre à la légère un message si important quand quelqu'un utilise ce terme pour parler de son mal-être. Je suis persuadée aujourd'hui que si certains usent encore du mot déprime parce qu'ils ne sont pas en dépression ou parce qu'ils ne l'ont pas acceptée, les malades qui adoptent le mot dépression pour parler d'eux ne le font pas à la légère et ne souhaitent certainement pas recueillir un énième "mais non, ça va aller, viens te changer les idées, ça suffira"...
En plus du désarroi ressenti face à ce que l'on considère alors comme sa propre faiblesse, le fait qu'autrui ne prenne pas nos maux et nos mots au sérieux nous enfonce un peu plus davantage vers la pensée que nous sommes nul. Parce que malgré tout, après avoir mis du temps à accepter son état de dépressif, l'on se fie toujours au jugement des amis, et si ceux-là nous disent "mais non, t'es pas dépressif!", alors que sommes-nous? et que nous reste-t-il pour sortir de ce néant, de ce trou qui semble n'avoir plus de fond et dont les parois sont lisses?
Sans demander à ceux qui ont dans leur entourage une personne dépressive de tout faire pour le sortir de cette maladie - parce que ce n'est pas le but, parce que ça ne marche pas comme ça -, la première chose à faire est de ne pas nier cet état de fait, de ne pas le minimiser. Refuser à un dépressif de le reconnaitre dans cet état, c'est l'empêcher de se reconnaître dans cette maladie, or c'est le premier pas qui permettra ensuite d'évoluer et travailler sur les causes de la dépression.
"Si personne ne me reconnaît dépressif, je ne pourrais pas mettre un mot sur ce que je traverse. Je ne pourrais pas avoir envie ou besoin de comprendre pourquoi je suis si mal. Si personne ne me reconnaît dépressif, cela signifie qu'il est normal de pleurer, de se sentir mal, de se sentir nul, ou d'avoir peur tout le temps, mais de ne pouvoir en parler à personne. Si personne ne me reconnaît dépressif et que mes amis ne me reconnaissent plus parce que je ne suis plus comme avant, alors qui suis-je et pourquoi évoluer vers un mieux-être?"
Voilà, à mon sens, un aperçu de l'état d'esprit que l'on peut traverser si un ami ou une connaissance refuse d'admettre que quelqu'un de leur entourage soit dépressif.

15/05/2010
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Un mot qui fait peur

J'ai décidé de vous parler de dépression. On ne peut pas dire que ça prête à sourire, et pourtant je crois qu'il est important - pour moi en tous cas, ça l'est - de faire le point sur un sujet qui reste tabou pour beaucoup d'entre nous.
Je vais vous parler d'expérience et de ressenti, pas pour me faire plaindre, mais plutôt pour donner à voir et à comprendre ce qu'une personne reconnue dépressive peut traverser.
Premier constat : "dépression" est un mot qui fait peur.
Deuxième constat : la dépression est un sujet de discussion tabou.
Troisième constat :face à la dépression, il y a la réaction de la personne dépressive en elle-même, qui peut varier d'un sujet à l'autre, et il y a la réaction de la personne à qui l'on s'est confié, sans fausse pudeur mais avec de vrais espoirs.
Parlons aujourd'hui de la réaction d'autrui - mes préjugés y compris avant de traverser ce stade.
Souvent, lorsque vous révélez à un proche que vous êtes en dépression, la première réaction est : "Mais non, ça va aller, tu nous fais juste une petite déprime."
Oui, une petite déprime qui fait que je pleure plusieurs fois par jour, sans savoir pourquoi, depuis au moins trois mois, une petite déprime qui ne me donne pas envie de me lever, souvent envie de me coucher, et qui me laisse éveillée à des heures indues. Il arrive un moment où il faut accepter cet état de fait, admettre que si c'était une déprime, ça n'aurait pas duré trois mois, et se rebeller contre ceux qui pensent que ça va aller mieux sans rien faire.
En ce qui me concerne, je dois avouer que la dépression d'autrui - et celles des amis potentiellement - me fait peur aussi. Parce que c'est quelque chose contre lequel je ne peux rien faire. Pas à grande échelle en tous cas. On peut soutenir un peu, mais quelqu'un de profondément dépressif aura besoin de l'aide et de l'appui de professionnels. Je sais pour avoir été de l'autre côté que les amis ne sont hélas pas toujours le soutien attendu, et je comprends aussi qu'ils ne se sentent pas assez forts pour le faire.
Pour aller plus loin, j'avoue - sans fausse honte - avoir déjà pensé que la dépression était contagieuse. Cela vous semble ridicule?
Face à quelqu'un dont vous voyez bien que vous êtes totalement incapable de l'aider tant il vous prouvera par A+B que non, il n'y a rien à faire, il est fichu, ça ne pourra jamais aller mieux, il ne vous est jamais arrivé de vous dire : et s'il avait raison? Jamais il ne vous est arrivé de penser, face à une personne dépressive, qu'elle allait nous englober dans son mal-être?
Je ne suis pas en train de juger, soyons clairs. Je sais juste qu'il m'est arrivé de me sentir impuissante face à cet état de faits, et je sais aussi qu'il faut amener avec tact la personne en face de vous à accepter de consulter.
Parce que la dépression est reconnue comme une vraie maladie, mais qu'elle n'est pas contagieuse.
Parce que la dépression n'est pas une maladie honteuse.
Parce qu'il est humain de tomber lorsque les évènements vous acculent au fond du trou.
Parce qu'il ne faut pas rester au fond de ce trou.
Et que le premier pas sur la corde à nœuds qui nous ramènera en haut est le plus difficile et le chemin de rémission potentiellement long.

11/05/2010
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